Dans son deuxième livre Père et fils, paru en France en juin 2017, Cristina Alger, l’auteure de Park Avenue, poursuit son exploration de la haute finance new-yorkaise. Mais, cette fois, plus que sur les affaires, elle se concentre surtout sur l’amour, la famille et la façon dont ce monde de requins envahit toute la vie de ceux qui choisissent d’en faire partie. Critique d’un roman passionnant et émouvant que l’on ne lâche pas avant de l’avoir terminé.

© Albin Michel
Quatre ans après avoir publié son premier ouvrage Park Avenue, Cristina Alger revient enfin avec un nouveau livre Père et fils, dans lequel on suit Charlie Goldwyn, un brillant avocat d’affaires de trente-cinq ans, veuf depuis deux ans, qui noie sa tristesse et sa solitude dans le travail. Cependant, lorsqu’il se fait licencier pour faute grave, il se retrouve obligé de faire face à ce qu’il avait cherché à fuir : sa famille qui a souffert de plusieurs deuils consécutifs et, en particulier, son fils Caleb, un petit garçon fantasque dont il ne s’était, jusque là, que très peu occupé. L’écrivaine, ancienne analyste financière chez Goldman Sachs, nous offre ainsi une nouvelle plongée dans les coulisses du monde de la finance qu’elle connait si bien
Toutefois, contrairement à son précédent roman qui faisait vivre aux lecteurs toutes les étapes d’un scandale financier de grande ampleur à la manière d’un véritable polar, celui-ci n’est pas centré sur l’affaire qui a conduit au renvoi de Charlie. En fait, cet évènement sert simplement de point de départ à l’intrigue qui permet à Cristina Alger de se concentrer sur un thème qui semble lui tenir particulièrement à cœur puisqu’il constituait déjà, en quelque sorte, la toile de fond de Park Avenue : les relations humaines, familiales et amicales. Avec son style simple et direct que l’on retrouve avec grand plaisir, l’auteure s’applique donc à décrire précisément la haute société new-yorkaise tout en se moquant gentiment de ses travers. Au début du livre, Charlie correspond donc parfaitement à l’idée que l’on se fait de l’avocat d’affaires, toujours surchargé de travail et dévoré par l’ambition d’obtenir une promotion.
Cependant, on s’attache tout de même à cet homme qui semble, malgré tout, avoir une vision assez lucide de ce monde rempli d’hommes prêts à tout pour réussir et de femmes vénales dans lequel il évolue. De plus, il se retrouve bien vite confronté à la « vraie vie » et change, peu à peu, sa façon de voir les choses au contact d’autres personnages bien moins stéréotypés comme, entre autres, son fils de cinq ans qui adore le rose et Dora l’Exploratrice mais qui a développé une obsession bizarre pour les catastrophes naturelles. Ainsi, on aurait pu craindre que Cristina Alger livre une vision très manichéenne consistant à montrer que Wall Street n’est peuplée que de pourris mais ce n’est pas du tout le cas. Tous les protagonistes ont leurs bons comme leurs mauvais côtés ; ce qui ne les rend que plus réalistes et attachants.
De plus, les chapitres sont courts et les évènements s’enchainent rapidement sans réel temps mort de sorte que l’on dévore l’ouvrage en entier d’une traite. On regrette simplement la fin qui paraît quelque peu déconnectée, comme si le dernier chapitre avait été rajouté au livre. Toutefois, malgré cela, Père et fils reste un roman agréable et plaisant, parfait à lire sur la plage cet été.
Père et fils (titre original : This Was Not The Plan) de Cristina Alger, traduit de l’anglais par Nathalie Cunnington, publié aux Etats-Unis en octobre aux éditions Touchstone (368 pages, 16$) et en France en juin 2017 aux éditions Albin Michel (376 pages, 21.50€).